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Actualité
L’homme de Byrsa vedette du musée de l’AUB Source: L'Orient Le Jour avril 2014
Pour son premier voyage hors de Tunisie, Arish a choisi le Liban, terre des Phéniciens fondateurs de Carthage. La sculpture hyperréaliste du jeune Carthaginois qui a vécu au VIe siècle avant l'ère chrétienne a été exposée au musée de l'Université américaine de Beyrouth. Objet d'une exposition intitulée « The young Phoenician man of Carthage », l'homme de Byrsa va permettre aux Libanais de connaître l'apparence physique de leurs (probables) ancêtres phéniciens.
Grace aux efforts de Leila Badre, directrice du musée de l'AUB, le jeune homme de Byrsa, baptisé Arish, le « bien-aimé des dieux » en langue phénicienne de Carthage est depuis le 30 janvier 2014 Jusqu'au 26 février.l'hôte du musée de l'Université américaine de Beyrouth. Il est arrivé sur le vol de Tunis Air, accompagné de son mobilier funéraire et d'une délégation tunisienne.
Arish a été réalisé dans un moule en silicone et résine. Il est la reconstruction « intégrale » d'un squelette complet datant du VIe siècle avant J.-C., découvert en 1994 par l'archéologue français Jean-Paul Morel, à Carthage, sur la colline de Byrsa. Une nécropole à l'époque où les Phéniciens avaient fondé la ville. Confié à la paléo-plasticienne Élisabeth Daynès, le squelette a subi de nombreuses opérations de dermoplastie qui ont redonné au jeune homme son visage originel, « ou du moins de s'en approcher ». Il aura fallu plus de seize ans de travail pour arriver à ce résultat !
Scénographie
La scénographie respecte l'agencement d'origine de la tombe où gisait Arish au VIe siècle. Il a été installé dans le mobilier funéraire qui l'accompagne pour son séjour, dont une intaille de Calcédoine en forme de scarabée, une série d'amulettes représentant des divinités et des symboles égyptiens, une lampe punique symbolisant la lumière, source de vie, deux amphores, des cabochons en ivoire ayant servi probablement de décor à une boîte en bois, et les ossements d'une oie domestique. Des objets qui ont permis de dater la sépulture de la fin du VIe siècle ou des environs de 500 avant J.-C. Selon les indications de Leila Sebaï, directrice de recherches à l'Institut national du patrimoine tunisien, « la finesse du scarabée, le lieu de sépulture – au sommet de la colline de Byrsa à Carthage –, la grande tombe construite dans un beau matériau au creux d'un profond puits d'accès, lui-même tapissé de pierres, laissent penser que le défunt appartenait à une classe sociale assez aisée ». Des jeux de lumière animent la seconde salle qui met en scène le jeune homme, vêtu d'une longue tunique en lin, chaussé de spartiates et paré de bijoux. Une projection de trois minutes sur le processus de la dermoplastie éclaire les visiteurs sur cette technique qui combine à la science la magie de l'art.
Un type méditerranéen
L'étude des ossements, découverts en très bon état de conservation, a permis d'évaluer l'âge du défunt entre 19 et 24 ans. On sait aussi qu'il n'a pas connu une mort violente, son squelette étant resté intact. Peut-être a-t-il été emporté par la maladie.
Mesurant 1,70, il présente un crâne plutôt long, un front large, une face relativement étroite, un nez fin et un menton carré. Et, toujours selon Leila Sebaï, « il a toutes les caractéristiques d'un Méditerranéen, de type espagnol ou peut-être égyptien, du Moyen-Orient, ou même berbère ». Et comme le souligne aussi Leila Sebaï, Carthage était un important comptoir commercial et le petit groupe de Phéniciens en provenance de Tyr, au Liban, qui a fondé la ville vers 814 avant Jésus-Christ, s'est mélangé aux populations autochtones berbères et, par la suite, a eu beaucoup d'échanges avec des gens venant d'Égypte, de Grèce, de la péninsule Ibérique, voire de la Sicile et de Rome. Seuls les tests génétiques qui seront réalisés à l'avenir permettront de savoir à quel groupe précis appartenait Arish et quelles étaient les couleurs de sa peau, de ses cheveux et de ses yeux.
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