Parution : janv. 2004
ISBN : 9792913875103
Drame Héroïque, La Tragédie des Peuples, Histoire Contemporaine ; Charles Corm vit au plus près le drame arménien, particulièrement en Cilicie et dans le Sandjak : il rencontre les rescapés du Génocide et essaie de son mieux de les assister dans leur malheur. Il compose La Terre assassinée ou les Ciliciennes, une œuvre théâtrale inédite relatant le tragique exode arménien.
Scène I - Un vieux prêtre, un chœur de vieillards
Le vieux prêtre :Déjà levés, avant l'aurore ?
Le chœur des vieillards le rejoignant au milieu de la scène :
— Nous n'avons pas sommeil
— La nuit plus que le jour, c'est la même amertume qui nous tient en éveil.
— C'est le souci qui nous dévore !
Le vieux prêtre : Qu'avez-vous de si tôt à chuchoter dans l'ombre ?
Le chœur des vieillards : Et toi, notre pasteur, qu'est-ce qui t'a conduit par ici à cette heure ?
Le vieux prêtre : Je vous ai vu sortir du camp et je vous ai suivi, jusque dans ces décombres. Il m'a semblé comprendre que de nouveaux malheurs vous rassemblaient encore. Je viens les partager simplement avec vous.
Charles Corm, né à Beyrouth le 4 mars 1894, est le fils du premier peintre libanais de renom, Daoud Corm. Tout jeune homme, en 1919, il fonde et dirige La Revue Phénicienne, la première publication de langue française, tribune politico-culturelle de la scène libanaise de l'époque. À la suite d'un voyage en Amérique, il prend la représentation de Ford pour le Proche-Orient. Se déplaçant sans cesse entre ses agences disséminées dans la région, il vivra au plus près le drame arménien tout spécialement en Cilicie et dans le Sandjak. À partir de 1934, il se consacre pleinement à la littérature et publie alors La Montagne inspirée, une ode à son pays et son œuvre la plus connue. En 1939, il monte en grande partie à ses frais le premier pavillon du Liban à l'Exposition Universelle de New-York, un spectaculaire panorama du patrimoine national. Il contribuera également à la fondation de la Bibliothèque Nationale ainsi que du Musée National de Beyrouth, mais ne cessera d'écrire, surtout de la poésie, jusqu'à la fin de sa vie en 1963. Son message à ses compatriotes a toujours été humaniste et universel. Pour Charles Corm, l'histoire et les racines d'un peuple non seulement forgent son identité, mais surtout lui permettent de survivre : s'il remet ses aïeux phéniciens à l'honneur, c'est parce « qu'avant de devenir chrétiens ou musulmans, ils n'étaient qu'un même peuple uni dans une même gloire ».